vendredi 30 mars 2012

Proposition de chants pour le Vendredi Saint

Avant la lecture de la Passion :
Le Christ s’est fait obéissant pour nous (HX 43-76) ou sa version grégorienne Christus factus est (difficile)
 
Après la lecture de la Passion, on peut chanter : Mystère du Calvaire (CNA 464 – H 44)
 
Pour la prière universelle: un simple Kyrie

Pour l'ostension de la croix: outre la musique du missel, les amateurs de musique sentimentale italienne peuvent utiliser (en adaptant un peu) la musique de Frisina


Pendant la vénération de la croix :

Pour le chant des impropères, il existe plusieurs musiques :
H43 de David Julien
H11-57-1 de Claude Bernard et Jacques Berthier
HL3 de Lucien Deiss
H860 d’André Gouzes
H60-44 de Michel Wackenheim
CNA 461

Il y a aussi le répertoire grégorien : Crucem tuam suivi Impropères puis Crux fidelis et si besoin Stabat Mater. Cela demande évidemment un peu de travail mais c'est un vrai trésor de la musique sacrée... Il ne faut pas hésiter à faire durer les impropères en longueur pour en donner tout le sens.


Ou bien, on peut chanter :
Ô croix dressée sur le monde (CNA 465 – H 30)
Ô croix, plus noble (CNA 466 – H 164)
Victoire, tu règneras (CNA 468 – H 32)
Croix de lumière (H30-89)
Ô croix, qui fais mourir d’amour (tiré du Choral final de la cantate en forme de Croix de D. Rimaud et J. Berthier) qui reprend un thème grégorien de circonstance....

Il ne faut évidemment pas oublier les compositeurs locaux...

On pourra prendre le chant "ils ont percé tes mains et tes pieds" de Jean-René André.





jeudi 29 mars 2012

Proposition de chants pour le Jeudi Saint

Les propositions de chants pour les rameaux ont manifestement été beaucoup consultées, preuve de l'intérêt de cette question. Nous vous proposons donc quelques idées de chants pour le Jeudi Saint.

Pour le chant d’entrée :
Tropaire du Jeudi Saint (HX 57-75)
C’est toi Seigneur, le pain rompu (CNA 322 – D 293)
L’Eglise ouvre le livre (CNA 450 – H 139)
La nuit qu’il fut livré (CNA 449 – C 3) (célèbre mais toujours très efficace...)

Pendant le lavement des pieds :
Ubi caritas grégorien ou musique de Taizé (CNA 448)


Il est bien évidemment possible de mixer le couplet de Taizé avec les couplets en grégorien...


Pour ceux qui sont capables, il y a évidemment la version de Duruflé... (illustration so british)




Ou Pas de plus grand amour (CNA 452 – DL 265) ou H23-16 de Berthier
Pour l'amour de cet homme de M. Godard

Offertoire : (En ce jour où l’on commémore l’institution de l’eucharistie, on peut solenniser la procession des dons)
Quand tout fut préparé (B54-01-1)
Qui donc a mis la table (C 121)
Préparons la table (B 21-85)
Bénis soient la coupe et le pain (CNA 446 – EMB 685)
 
Pour la procession au reposoir :
La nuit qu’il fut livré (CNA 449 – C 3)
L’heure est venue (CNA 451 – H 21-28-1)
Au reposoir, on peut chanter :
Âme du Christ (CNA 778 – D 21)
Tantum ergo (grégorien CNA 776)
Anima Christi de Frisina (Compositeur du diocèse de Rome - ce chant commence à se répandre... il n'est pas très compliqué mais il faut aimer le style sentimentalo-italien)


Bien évidemment, il ne faut pas oublier le fameux Christus factus est qui est chanté traditionnellement avant l'évangile (il peut faire fonction de trait par exemple, ce qui donnera un aspect particulièrement solennel) ou bien à un autre moment. Il ne faut cependant pas se lancer dans ce chant sans un minimum d'expérience...

mercredi 28 mars 2012

Proposition de chants pour les Rameaux

 Acclamation :
  • Hosanna au plus haut des cieux (CNA 441 – AL 179)
 Pour la procession des rameaux :
  • Gloire à toi, Sauveur des hommes (CNA 442 - H 27)
  • Envoyés dans ce monde (CNA 443 - H 20-35)
  • Lauda Jerusalem...


A la porte : Gloria laus (Grégorien) : abordable pour un chœur même modeste... avec un peu de travail évidemment....

Pour l’entrée dans l’église : Voici que s’ouvrent pour le roi (CNA 444 – HA 96-2 ou HY43-82-5)
Jean-René André, organiste titulaire à la Cathédrale de Rennes, a composé un très beau chant sur ce même texte H 43-82-4 (Edition Ste Cécile). Il est vocalement assez simple mais impose d'avoir un bon organiste. L'effet est majestueux...


Avant la lecture de la Passion :
  • Le Christ s’est fait obéissant pour nous (HX 43-76)
  • Christus factus est (Grégorien) : Difficile voire très difficile mais tellement beau...






mardi 27 mars 2012

Lecture du jour : musique liturgique et veillée pascale (4)

Quatrième (et dernière) partie du texte "Musique et Chant à la veillée Pascale" publié sur le site http://www.liturgiecatholique.fr

Calice et patène en vermeil et cristal de roche (1864) de Mgr Brossais-Saint Marc, Archevêque de Rennes (MH)

 LA LITURGIE EUCHARISTIQUE

C’est le centre et le sommet de la célébration ! La musique doit contribuer à le faire apparaître. Un excès de musique pendant la liturgie de la Parole et celle du baptême transformerait la liturgie eucharistique en simple annexe. Au contraire, on pourra profiter ici de la richesse sonore de l’orgue ou d’autres instruments qui pourront tantôt soutenir la prière et tantôt porter l’acclamation de l’assemblée, tantôt enrichir l’action rituelle et tantôt accompagner le chant. Il vaut mieux choisir des acclamations (Saint, anamnèse...) écrites dans des tonalités voisines pour que l’unité de la prière soit manifestée, les différentes attitudes spirituelles (adoration, supplication, acclamation), étant soulignées par des « vocalités » différentes. En effet l’utilisation de la même mélodie pour les différentes interventions de l’assemblée conduit à l’excès inverse : l’unité ne signifie pas l’uniformité, au contraire, il convient de marquer judicieusement les accents différents de chaque intervention chantée et la progression.

En résumé

La veillée pascale est une célébration où le chant intervient abondamment. L’effort à faire consiste à ne pas accumuler les chants (trop de chant tue le chant), à varier les forme (forme hymnique pour l’Exsultet et le Gloire-à-Dieu, forme litanique pour la litanie des saints et de l’Agneau de Dieu, forme psalmique pour les psaumes, forme cantique à couplets - refrain... ). Un répertoire abondant est disponible ; pourtant ce sera la fête si on utilise majoritairement des chants déjà connus que les fidèles portent en eux, dans leur identité chrétienne. La veillée pascale est vraiment la fête de la communauté chrétienne célébrante.


Louis GROSLAMBERT
Article extrait de la revue Célébrer, n°288, Avril / Mai 1999.

Pour préparer les rameaux...

Une hymne de la renaissance par le King's collège... la classe (internationale), non ?



lundi 26 mars 2012

Ave Maria de Berthold Hummel


Les chants à la Vierge sont souvent des œuvres particulièrement inspirées. Les grands compositeurs nous ont laissés de très belles pages. Cette Solennité de l'Annonciation est l'occasion de vous faire découvrir l'Ave Maria (2001) d'un compositeur allemand récemment disparu. Ce blog a déjà présenté une de ses œuvres. Montez un peu le son... mais pas trop car il y a un crescendo...






Ecce ancilla domini


Lecture du jour : musique liturgique et veillée pascale (3)

Troisième partie du texte "Musique et Chant à la veillée Pascale" publié sur le site http://www.liturgiecatholique.fr

 

LA LITURGIE BAPTISMALE

La litanie des saints
Il convient de chanter la litanie des saints, même s’il n’y a pas de baptêmes (le Missel dit cependant qu’on peut l’omettre dans ce cas). Il ne faut pas avoir peur de la longueur, et de l’effet cumulatif – encore augmenté par le fait qu’elle soit chantée : la litanie est faite pour durer, calmement, progressivement, permettant à chacun d’entrer dans la prière petit à petit selon ce qu’il est. Certains entreront rapidement dans la prière de l’Église unissant la terre et le ciel, d’autres plus tard, après une ou deux dizaines d’invocation ! La forme litanique offre le grand avantage d’associer l’assemblée de manière très active et dynamique, et interrompt fort à propos le quasi-monopole des chants à forme couplets/refrain. On dispose, entre autres mélodies, de W 12 bis. On se souvient aussi de celle utilisée lors de la veillée baptismale des JMJ en août 1997 (partitions à demander à ASA 85 rue de Paris 03000 Moulins).
Les rites baptismaux
Il existe des chants qui peuvent ponctuer les rites du baptême : « Baptisés dans le Christ » (I 264) et « Baptisés dans l’eau et dans l’Esprit » (I 14-67-1)... D’autres conviennent pour prolonger le rite, ou pour l’aspersion de l’assemblée, par exemple « J’ai vu l’eau vive » (I 132) ou « Sauvés des mêmes eaux » (I 100).

vendredi 23 mars 2012

Musique sacrée et .... Louis marie Grignon de Montfort

Louis-Marie Grignon de Montfort qui est né à Montfort sur Meu (1673) passe sa jeunesse à Rennes. 
Il se met à l'école de Vierge en fréquentant la Basilique St Sauveur de Rennes. Il y est d'ailleurs aujourd'hui toujours représenté au pied de Notre Dame des Miracles et des Vertus.
Parmi ses nombreuses œuvres, on remarquera les cantiques qu'il a  adapté de musique très diverses...


Lecture du jour : musique liturgique et veillée pascale (2)

Deuxième partie du texte "Musique et Chant à la veillée Pascale" publié sur le site http://www.liturgiecatholique.fr

LA LITURGIE DE LA PAROLE

Les lectures

Il arrive que l’on ponctue la lecture de Genèse 1 (la création) par une bénédiction au Dieu créateur. Rappelons-nous qu’il s’agit d’un poème et pas d’un exposé scientifique. Celui-ci s’accommode bien d’une brève mélodie de louange, mais il vaut mieux éviter les interventions qui soulignent de manière réaliste le processus décrit, plutôt que d’en déployer la poésie.

On a vu aussi en certains lieux, la lecture d’Exode 14 (le passage de la mer rouge) ponctué par de brèves interventions musicales improvisées à l’orgue. Un bon organiste permet de mettre en valeur le lyrisme du texte, et on peut parler alors d’une lecture « à deux voix ».

Les psaumes et les cantiques bibliques

La liturgie de la Parole est organisée de telle sorte qu’après chaque moment d’écoute de la parole de Dieu, l’assemblée répond en faisant sienne la prière même du Christ - les psaumes -, avant que le prêtre formule une prière « par Jésus Christ ». Par les psaumes, c’est le Christ ressuscité qui conduit notre prière.

La mise en œuvre demande un peu d’attention. Le missel offre, par exemple une variante intéressante avec le même psaume 135 « Car éternel est son amour », chanté dans sa première partie après Genèse 1 à la place du psaume 103, et dans sa seconde partie après Exode 14 à la place du cantique Exode 15. D’autre part, on peut s’efforcer d’en varier les formes : le psaume 135 en forme responsoriale, un autre en forme cantillée par un soliste avec antienne par l’assemblée, un autre en forme cantillée par tous en deux chœurs alternés (avec ou sans antienne), un autre en forme parlée… Si l’on ressent parfois une lassitude, il faut se demander si les formes ont été suffisamment variées. Des compositeurs ont essayé de créer par la musique une unité entre ces psaumes, tout en leur gardant leur allure propre (partitions à demander à ASA 85 rue de Paris 03000 Moulins).

L’oraison que proclame le prêtre après le psaume demande, elle aussi, à être soignée. La station debout de l’assemblée est non seulement requise, mais encore utile pour maintenir une attention suffisante. L’invitation « Prions le Seigneur » s’adresse à tous, il convient de faire place alors au silence pour que la prière de chacun puisse se déployer, avant de la conclure par l’oraison. Ce n’est pas en gagnant du temps sur les silences que la liturgie de la Parole gagnera en dynamisme et en vérité ; cela ne ferait qu’accroître une certaine lassitude.


 

L’alléluia

C’est le mot qui convient à Pâques ! Il débute quand l’assemblée voit le diacre (ou le prêtre) présenter le livre de la Parole. La mélodie grégorienne est bienvenue dans la mesure où elle a gardé sa connotation pascale, c’est à dire si on ne l’utilise qu’au temps pascal. L’acclamation festive peut se déployer avant l’Évangile, accompagnant le déplacement du lecteur ; c’est le moment où jamais d’utiliser l’encensoir. Après la lecture de l’Évangile, on ne rechante pas alléluia, mais « Acclamons la Parole de Dieu : louange à toi, Seigneur Jésus », car c’est le Seigneur Jésus ressuscité qui vient de parler. Mais un bon organiste pourra poursuivre cette acclamation, lui donner de l’ampleur, et peut-être même en rappelant la mélodie de l’Alléluia. (à suivre)


jeudi 22 mars 2012

Concert des rameaux

On ne peut que recommander chaleureusement ce concert des chœurs de la cathédrale de Rennes le 1er avril 2012 à 16h à St Sauveur

Lecture du jour: musique liturgique et veillée pascale (1)

Première partie du texte "Musique et Chant à la veillée Pascale" publié sur le site http://www.liturgiecatholique.fr/

 L’OFFICE DE LA LUMIÈRE

Un chant dans la nuit

La parabole des jeunes filles (Matthieu 25, 6) raconte : « À minuit, un cri se fit entendre : “Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre” ». Il en va de même, à la veillée pascale. La bonne nouvelle vient percer la nuit : « Lumière du Christ ! » C’est pourquoi le missel prévoit qu’on ne chante rien avant cette annonce (même si cela reste possible) ; la contemplation des formes et des mouvements des flammes est si captivante qu’on peut garder le silence assez longtemps. Seul le souffle des participants et le crépitement du bois et des flammes viennent habiter ce silence. Alors le cri peut jaillir : « Lumière du Christ – Nous rendons grâce à Dieu ». Et l’annonce de la Pâque qui suivra n’en prendra que plus d’ampleur.
- D’ailleurs, des personnes qui avait chanté une hymne comme « Voici la nuit » (P 156), ont trouvé qu’il était difficile de chanter sans éclairage électrique (et on ne peut faire autrement pour que le feu dans la nuit soit bien symbolique) et que l’acclamation « lumière du Christ » avait perdu de sa force puisqu’un autre chant l’avait précédé.

Exultet

La grande annonce de la résurrection a besoin de lyrisme. C’est le diacre ou, à défaut, le prêtre ou un choriste capable qui chante cette annonce. Si personne n’est apte à la chanter, on peut la proclamer sur un léger fond musical qui peut ramener au refrain chanté, si l’on utilise la 3e forme du missel (chant référence I 111). Le texte ancien, dans sa première forme, longue, ou sa seconde plus brève : « Exultez de joie, multitude des anges, exultez, serviteurs de Dieu… » a la forme d’une préface avec le dialogue d’introduction. Le missel précise qu’on peut insérer des acclamations du peuple dans le cours de chacun de ces chants. Ce texte ancien, dans l’une de ses trois formes, ne peut pas être remplacé par d’autres, parce qu’il porte en lui « ce que nous avons reçu de la tradition », selon les mots de saint Paul.
Le chant de cette annonce de la Pâque demande une mise en œuvre soignée. On sera attentif au placement du chantre, l’ambon ; à son orientation, tourné vers l’assemblée pour l’annonce, et en même temps vers le cierge pascal, notamment pour l’acclamation (refrain dans la 3e forme) ; à sa tenue, un laïc pourrait revêtir un vêtement blanc pour l’occasion (châle, grande écharpe…) ; à son éclairage, il peut tenir un petit cierge allumé en main pour éclairer le livre contenant le texte (plutôt qu’une feuille volante ou un petit carnet)… (à suivre)


mercredi 21 mars 2012

Crux fidelis inter omnes

Les statistiques de consultation démontrent que les messages les plus consultés concernent le grégorien. Le temps de la Passion, qui s'ouvre dans quelques jours, donne l'occasion d'aborder à nouveau ce répertoire.


Cette hymne a été composée par Venance Fortuna, évêque de Poitiers, pour Radegonde, abbesse de l'abbaye Ste Croix de Poitiers (VI-VIIe siècle).
Ce chant n'est sans doute pas plus difficile qu'un "chant rythmé" et c'est vraiment la classe ! Alors, pourquoi s'en priver en liturgie ? Osez...
Croix fidèle, parmi tous. Le seul arbre noble : Ni en feuillage, ni en floraison, Ni en fruit tu n’as ton pareil. Faite de doux bois et de doux fer, Tu soutiens le poids le plus doux.

L'Orgue d'Irodouër, l'inauguration


Samedi 31 mars 2012, 16h - Eglise d'Irodouër (35)
Présentation de l'orgue après sa restauration par Alfred Poëschl, facteur d'orgue
http://musiquesetorgues.over-blog.com/

Samedi 31 mars 2012, 19h - Eglise d'Irodouër (35)
INAUGURATION Concert "trompette, voix & orgue"Morgane Boudeville, soprano, Victore Inisan Le Gleau, trompette, Alfred Poëschl &; Louis-Marie Belliard, orgue
http://musiquesetorgues.over-blog.com/





Lecture du jour : Prier et chanter

Nous vous proposons de relire chaque jour de très beaux textes qui peuvent nourrir notre réflexion et notre débat.  

Extrait du DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
Collège des Bernardins, Paris
Vendredi 12 septembre
2008
"Pour saint Benoît, la règle déterminante de la prière et du chant des moines est la parole du Psaume : Coram angelis psallam Tibi, Domine – en présence des anges, je veux te chanter, Seigneur (cf. 138, 1). Se trouve ici exprimée la conscience de chanter, dans la prière communautaire, en présence de toute la cour céleste, et donc d’être soumis à la mesure suprême : prier et chanter pour s’unir à la musique des esprits sublimes qui étaient considérés comme les auteurs de l’harmonie du cosmos, de la musique des sphères. À partir de là, on peut comprendre la sévérité d’une méditation de saint Bernard de Clairvaux qui utilise une expression de la tradition platonicienne, transmise par saint Augustin, pour juger le mauvais chant des moines qui, à ses yeux, n’était en rien un incident secondaire. Il qualifie la cacophonie d’un chant mal exécuté comme une chute dans la regio dissimilitudinis, dans la ‘région de la dissimilitude’. Saint Augustin avait tiré cette expression de la philosophie platonicienne pour caractériser l’état de son âme avant sa conversion (cf. Confessions, VII, 10.16) : l’homme qui est créé à l’image de Dieu tombe, en conséquence de son abandon de Dieu, dans la ‘région de la dissimilitude’, dans un éloignement de Dieu où il ne Le reflète plus et où il devient ainsi non seulement dissemblable à Dieu, mais aussi à sa véritable nature d’homme. Saint Bernard se montre ici évidemment sévère en recourant à cette expression, qui indique la chute de l’homme loin de lui-même, pour qualifier les chants mal exécutés par les moines, mais il montre à quel point il prend la chose au sérieux. Il indique ici que la culture du chant est une culture de l’être et que les moines, par leurs prières et leurs chants, doivent correspondre à la grandeur de la Parole qui leur est confiée, à son impératif de réelle beauté. De cette exigence capitale de parler avec Dieu et de Le chanter avec les mots qu’Il a Lui-même donnés, est née la grande musique occidentale. Ce n’était pas là l’œuvre d’une « créativité » personnelle où l’individu, prenant comme critère essentiel la représentation de son propre moi, s’érige un monument à lui-même. Il s’agissait plutôt de reconnaître attentivement avec les « oreilles du cœur » les lois constitutives de l’harmonie musicale de la création, les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans le monde et en l’homme, et d’inventer une musique digne de Dieu qui soit, en même temps, authentiquement digne de l’homme et qui proclame hautement cette dignité."

mardi 20 mars 2012

musique liturgique et ... cinéma (2)


Scène du Salve Regina dans "Le gendarme et les extraterrestres". On ne s'en lasse pas...

Au fait... Qui comprend encore la blague aujourd'hui ?

Lecture du jour : L'orgue, "roi des instruments"

Extrait du discours du Pape benoit XVI à "Alte Kapelle" de Ratisbonne Mercredi 13 septembre 2006.

Dans la Constitution sur la Sainte Liturgie du Concile Vatican II (Sacrosanctum Concilium), il est souligné que "le chant sacré, uni aux paroles, fait partie nécessaire ou intégrante de la liturgie solennelle" (n. 112). Cela signifie que la musique et le chant sont plus qu'un embellissement (peut-être même superflu) du culte; en effet, ils font partie du déroulement de la Liturgie, et ils sont eux-mêmes Liturgie. Une musique sacrée solennelle, avec chœur, orgue, orchestre et chant du peuple, n'est donc pas un surplus qui accompagne et agrémente la liturgie, mais une façon importante de participer de façon active à l'événement cultuel. L'orgue est considéré depuis toujours et à juste titre comme le roi des instruments musicaux, car il reprend tous les sons de la création et - comme on l'a dit il y a peu - il fait résonner la plénitude des sentiments humains, de la joie à la tristesse, de la louange aux pleurs. En outre, en transcendant comme toute musique de qualité la sphère simplement humaine, il renvoie au divin. La grande variété des timbres de l'orgue, du piano jusqu'à l'impétueux fortissimo, en fait un instrument supérieur à tous les autres. Il est en mesure de faire résonner tous les domaines de l'existence humaine. Les multiples possibilités de l'orgue nous rappellent d'une certaine façon l'immensité et la magnificence de Dieu. 


lundi 19 mars 2012

Hymne à St joseph de Gabriel Fauré

Ecce Fidelis servus de Gabriel Fauré est une très belle œuvre interprétée dans cet extrait par la très célèbre Escolania de Montserrat.
Gabriel Fauré sera organiste à la Basilique Saint Sauveur de Rennes de 1865 à 1870. La tradition rapporte que le jeune Gabriel Fauré (il a 20 ans) fréquentait beaucoup les soirées rennaises. Il arrivait, dit-on, assez régulièrement après de nuits blanches agitées en habit de soirée pour jouer les messes dominicales, ce qui déplaisait profondément au curé... On raconte qu'il se payait même le luxe de quitter sa tribune pour fumer une cigarette pendant le sermon de l'officiant. 
C'est cette attitude peu dévote qui aurait conduit le curé de Saint-Sauveur à le licencier.
Voilà comment le diocèse de Rennes s'est privé de l'un des plus grands talents musicaux de cette époque...



Lecture du jour : le grégorien, un chant d'avenir (3)

Troisième extrait (et dernier) d'un texte publié sur le site http://www.ceremoniaire.net/ par A. P., musicien, organiste, ancien responsable musical à S.Germain l'Auxerrois. Janvier 1999


Le chant grégorien aux yeux des croyants

1. Le rôle de l'Église dans la redécouverte du chant grégorien

     a) La restauration du chant grégorien

Au point de départ de la redécouverte du chant grégorien s'est trouvée la figure de Dom Prosper Guéranger (1805-1875) restaurateur de la vie bénédictine en France autour de l'abbaye de Solesmes. Il eut l'intuition que cette musique contenait à l'origine une capacité éminente de porter les textes sacrés en usage dans la liturgie ; il y voyait une prière musicale d'une rare richesse pour ses moines : la Parole de Dieu qui chante.
Mais, au temps de Dom Guéranger, les secrets de l'interprétation du chant grégorien étaient perdus depuis longtemps et il n'existait encore aucune édition cohérente donnant les mélodies grégoriennes. Il fallait donc entreprendre de grands travaux de restauration du répertoire grégorien.

C'est sous cette impulsion que l'abbaye de Solesmes commença ses travaux de recherche devant aboutir à une restauration de l'intégralité du répertoire et, conjointement, à une redécouverte de la façon d'interpréter les mélodies grégoriennes.
Dès 1903, le pape Saint Pie X allait confirmer la valeur d'une telle démarche et, plus encore, demander à toute l'Église de rite romain de reprendre le chant grégorien comme chant étroitement lié à la liturgie latine.

Cette demande sera réitérée par tous les papes qui succéderont par la suite à Saint Pie X, et sera confirmée pour la première fois, de façon particulièrement solennelle, par la Constitution Sacrosanctum Concilium du Concile Vatican II, ainsi qu'on l'a déjà rappelé.
On remarquera que, pour les moines de Solesmes, la première urgence fut d'unifier le répertoire à l'usage de la liturgie de l'Église, en rétablissant autant que faire se pouvait les mélodies grégoriennes dans leurs versions originales.

C'est ainsi que la première édition des mélodies grégoriennes datant du début du siècle utilisa une notation tardive dans l'histoire de la notation grégorienne (notation avec notes carrées sur quatre lignes datant des XVe et XVIe siècles) qui permettait de préciser clairement la hauteur des sons et, par conséquent, les mélodies.
Quant au travail de recherche d'une interprétation plus authentique, il fut plus lent et plus complexe. Il n'a débouché que plus tard sur un résultat satisfaisant et a conduit à une nouvelle édition datant de 1979 : le "Graduale Triplex". Ce dernier reproduit de part et d'autre de la notation carrée des manuscrits plus anciens (Xe siècle) donnant de précieuses informations au sujet de l'interprétation des mélodies. Encore fallait-il en retrouver les clefs de lecture... Ce travail de recherche n'est pas totalement achevé aujourd'hui et tout porte à croire que, s'il prendra encore du temps, il réservera aussi d'intéressantes surprises.
     b) Le choix judicieux de Saint Pie X
Saint Pie X a donc demandé à l'Église de se réapproprier, dans son esprit d'origine, un ancien répertoire musical faisant corps avec la liturgie au lieu de continuer uniquement à intégrer le style musical moderne comme cela s'était fait régulièrement jusqu'ici - produisant au cours des siècles d'immenses chef-d'oeuvres.
Ce faisant, Saint Pie X était très en avance sur son temps, et ce pour plusieurs raisons :
-
Tout d'abord compte tenu de la richesse du chant grégorien dans le cadre d'une réflexion plus globale sur l'interprétation musicale et sur la musique elle-même ainsi qu'on l'a vu plus haut : en demandant à l'Église de redécouvrir ce chant dans sa pureté originelle, le pape donnait au monde musical un élément vivant de réflexion sur son propre art.
Ainsi l'Église allait-elle continuer à illuminer le monde artistique alors même que les chefs d'oeuvres musicaux qu'elle allait susciter au XXe siècle par sa liturgie allaient devenir plus rares.
-
Ensuite, opter pour le chant grégorien revenait pour l'Église à choisir, parmi l'immense répertoire musical composé jusque-là, un chant du passé possédant toutes les qualités souhaitées pour la liturgie.
Cette démarche consistant à aller chercher parmi le répertoire du passé celui qui nous convient le mieux peut nous sembler normale aujourd'hui - il suffit de se rendre dans un grand magasin de disques pour constater que c'est ce que chacun fait pour son propre usage - mais elle ne l'était pas du tout à l'époque de Saint Pie X.
-
Enfin parce que son choix allait permettre - au moins temporairement - à la musique liturgique d'échapper à la grande crise musicale du XXe siècle où l'unité du style musical allait continuer de disparaître et où le lien entre le compositeur et l'auditeur allait progressivement se couper.
En choisissant le chant grégorien, Saint Pie X donnait à l'Église le moyen de préserver l'unité musicale de la liturgie et de se situer en dehors de la polémique autour de la "musique moderne".

 
2. Le chant grégorien : un modèle de musique liturgique

On ne cherchera pas ici à démontrer la richesse spirituelle propre au chant grégorien : une telle entreprise demanderait beaucoup plus de place, et surtout ne pourrait convaincre vraiment que ceux qui par ailleurs le pratiquent régulièrement.
En effet, une telle richesse ne peut, de par sa nature, s'imposer d'emblée dès la première écoute (même s'il se peut parfois que le climat musical créé par le chant grégorien oriente immédiatement des néophytes vers une attitude intérieure de prière). Elle suppose nécessairement de la part de l'auditeur une familiarisation avec l'univers musical grégorien et un désir ardent de recevoir la Parole vivante de Dieu.
On se limitera donc à observer quelques caractères objectifs de ce chant dont la perfection contribue certainement à ce que le chant grégorien soit effectivement porteur de valeurs spirituelles et liturgiques de grande qualité :
1)
Le chant grégorien est le fruit d'une très haute compétence musicale, il a été composé par des professionnels qui furent en leur temps des compositeurs modernes aussi bien que de fins pédagogues.
2)
Le chant grégorien a été composé et organisé de façon à ce qu'il soit toujours en étroite connexion avec le moment de l'action liturgique. Les textes bibliques utilisés sont ceux choisis par l'Église pour correspondre aux lectures de chaque jour de l'année liturgique.
3)
Le chant grégorien comporte des pièces de toutes difficultés selon qu'elles doivent être chantées par des solistes, par une schola, par les ministres du culte ou par l'assemblée. Nous sommes donc en présence d'un répertoire parfaitement respectueux des compétences de chacun.
4)
Il s'agit d'un répertoire composé par des anonymes, dont on sait simplement qu'ils étaient tout entiers au service de la liturgie. Ainsi, les pièces grégoriennes sont-elles nées afin de servir la seule Gloire de Dieu.
Mieux encore : le chant grégorien est le fruit d'un véritable « travail d'équipe » qui a permis aux compétences de se compléter les unes les autres, pour aboutir à une perfection à laquelle ne serait jamais parvenu le travail d'un seul.
En outre, l'anonymat a donné au chant grégorien bien plus de possibilités de rayonnement, lui permettant d'acquérir un caractère universel au lieu d'être l'oeuvre d'un seul ou de telle ou telle chapelle.
5)
Il s'agit d'une musique portée par la prière et la « manducation » de la Parole de Dieu : on voit en effet, lorsqu'on pratique le chant grégorien assidûment, combien "le" compositeur connaît en profondeur les textes sacrés qu'il emploie, sachant les faire parler avec une grande finesse au-delà de ce qu'ils expriment.
Aujourd'hui, on pourrait fort bien s'inspirer de ces différents points pour composer des pièces destinées à la liturgie ; car n'oublions pas qu'un tel travail de composition a toujours été encouragé par l'Église, parallèlement à la demande d'un retour à la pratique du répertoire grégorien.
On remarque d'ailleurs que de plus en plus, les productions actuelles de musique liturgique tendent à utiliser prioritairement les textes de l'Écriture Sainte, ce qui correspond en partie au deuxième point évoqué ci-dessus.
 
Conclusion

Le chant grégorien est un chant qui mérite grandement à être connu par tous les musiciens d'aujourd'hui, mais plus particulièrement par ceux qui oeuvrent dans la liturgie : il leur offre un exemple éminent de ce que peut et doit être la musique liturgique.

On ne saurait assez encourager le lecteur à se lancer dans cette redécouverte, de préférence en cherchant à pratiquer le chant grégorien dans un choeur ou au cours de stages, la bibliographie qui suit n'étant qu'un apéritif !
 

Bibliographie
-
Dom Daniel SAULNIER, Le chant grégorien par un moine de Solesmes, éd. des Pays de Loire ; Les modes grégoriens, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes.
-
Albert-Jacques BESCOND & Giedrius GAPSYS, Le chant grégorien, éd. Buchet-Chastel.
-
Philippe BERNARD, Du chant romain au chant grégorien, éd. Cerf.
-
Dom Jacques HOURLIER, La notation musicale des chants liturgiques latins, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes.
-
Sous la direction de Dom Eugène CARDINE, Graduale Triplex, Abbaye Saint-Pierre de Solesmes.