jeudi 26 avril 2012

Lecture du Jour : la musique sacrée et Jean-Paul II (4)

5. Un autre principe énoncé par saint Pie X dans le Motu proprio Parmi les sollicitudes, un principe qui est d'ailleurs intimement lié au précédent, est celui de la beauté formelle. Il ne peut y avoir de musique destinée à la célébration des rites sacrés qui ne soit d'abord de l'"art véritable", capable de posséder cette efficacité "que l'Eglise souhaite obtenir en réservant une place dans sa liturgie à l'art musical" (15).
Mais cette qualité, toutefois, ne suffit pas en elle-même. La musique liturgique doit en effet répondre à certaines conditions spécifiques:  l'adhésion totale aux textes qu'elle présente, l'harmonie avec le temps et le moment liturgique auquel elle est destinée, la juste correspondance avec les gestes proposés par le rite. Les divers moments liturgiques exigent en effet une expression musicale qui leur soit propre, visant à chaque fois à faire apparaître la nature propre d'un rite déterminé, soit qu'il proclame les merveilles de Dieu, soit qu'il manifeste des sentiments de louange, de supplication voire de tristesse pour l'expérience de la douleur humaine, une expérience que la foi ouvre toutefois à la perspective de l'espérance chrétienne.
6. Le chant et la musique requis par la réforme liturgique - il est bon de le souligner - doivent également répondre aux exigences légitimes de l'adaptation et de l'inculturation. Il est toutefois clair que toute innovation dans cette matière délicate doit respecter des critères précis, tels que la recherche d'expressions musicales qui répondent au besoin d'impliquer l'assemblée tout entière dans la célébration et qui évitent, dans le même temps, de céder à la légèreté et à la superficialité. Il faut également éviter, en principe, les formes d'"inculturation" de type élitiste, qui introduisent dans la Liturgie des compositions anciennes ou contemporaines qui ont sans doute une valeur artistique, mais s'autorisent un langage qui est incompréhensible au plus grand nombre.
En ce sens, saint Pie X indiquait - en recourant au terme universalité - une exigence supplémentaire pour la musique destinée au culte:  "...même s'il est permis à chaque nation - notait-il - d'admettre dans les compositions d'Eglise certaines formes caractéristiques qui constituent en un certain sens le caractère spécifique de la musique qui leur est propre, celles-ci doivent toutefois être soumises aux caractères généraux de la musique sacrée de manière à ce qu'une personne d'une autre nation qui les entende ne puisse pas éprouver de mauvais sentiments" (16). En d'autres termes, le cadre sacré de la célébration liturgique ne doit jamais devenir un laboratoire d'expérimentations et de pratiques de composition et d'exécution introduites sans avoir été attentivement étudiées.

Extrait du CHIROGRAPHE DU SOUVERAIN PONTIFE  JEAN-PAUL II POUR LE CENTENAIRE DU MOTU PROPRIO “PARMI LES SOLLICITUDES” SUR LA MUSIQUE SACRÉE  (2003) 


NDLR : Et la musique bretonne, c'est de l'inculturation ?


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